Un hommage au réalisateur brésilien Eduardo Coutinho (1933-2014) et des discours sur la crise économique et politique au Brésil ont donné le ton de la soirée d’ouverture du festival en Brésil Mouvements le 12 octobre.
Le public, arrivé à 19h pour déguster des produits brésiliens, connaître le travail de l’artiste Kátia Fiera, et assister au dernier documentaire de Coutinho, « Dernières conversations », a rapidement rempli la grande salle du cinéma La Clef et s’est laissé porter par ce petit bijou d’humanité.
Le festival se poursuit jusqu’au 16 octobre avec la présence de réalisateurs et des autres intervenants pour des débats après les projections des films.
Consultez le programme complet ici.
Traduction de l’entretien : Jeanne de Larrard
Sur la base de témoignages recueillis durant quatre ans autour de la construction du barrage de GDF Suez, « Jaci – Les sept pêchés d’un chantier en Amazonie » aborde les controverses socio-environnementales liées à ce projet. Dans la ville de Jaci, où la demande de travailleurs est forte, une révolte éclate en 2011 bloquant le chantier et menant à des arrestations.
Carlos Juliano Barros est journaliste au sein de l’ONG Reporter Brasil etl’un des réalisateurs de « Jaci ». Quelques jours avant la projection de son film dans le cadre du festival Brésil en Mouvements, il aborde les questionnements de l’équipe de journalistes de Reporter Brasil et nous livre quelques anecdotes liées au tournage.
Le film a été sélectionné par plusieurs grands festivals, comme É tudo verdade [festival de documentaires qui a lieu chaque année, depuis 1996, dans les plus grandes villes brésiliennes], et a été diffusé par la chaîne Globo News, la plus importante chaîne de télévision au Brésil. Il a aussi reçu le Prix Gabriel García Marquez de Journalisme, l’un des prix les plus prestigieux d’Amérique Latine.
« Jaci – Les sept pêchés d’un chantier en Amazonie » sera projeté dans le cadre du festival Brésil en Mouvements le jeudi 13 Octobre à 20h. La projection sera suivie du débat : « Mégaprojets, en Amazonie : le rôle des multinationales européennes », en présence de Carlos Juliano Barros, tout spécialement venu du Brésil pour l’occasion.
Les autres intervenants de cette soirée organisée en partenariat avec l’Observatoire des Multinationales sont : Eric Beynel, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires, et Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux au sein du Programme Globalisation et Droits Humains de l’association Sherpa. Olivier Petitjean, responsable éditorial de l’Observatoire des multinationales, sera le modérateur de ce débat.
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Quels sont les sept « péchés » de la construction de l’Usine de Jirau et comment les avez-vous sélectionnés ?
Carlos Juliano Barros – Notre idée initiale était de faire une corrélation entre les sept péchés capitaux et les sentiments et sensations vécus par les ouvriers des travaux de l’usine hydroélectrique de Jirau. Au final, cette corrélation n’était pas tellement nécessaire. Mais le chapitre « Jouer », par exemple, serait l’équivalent du péché « Luxure ». Comme la partie dans laquelle apparaissent les scènes de révoltes et d’incendies des logements pourrait être associée au péché « colère », par exemple.
Comment a surgi l’intérêt pour ce thème ?
Carlos Juliano Barros – Le film est une production de Repórter Brasil, un organisme de professionnels de la communication et de l’éducation, centré sur la production de contenus sur les droits de l’homme, les droits du travail et les questions socio-environnementales. Comme nous sommes toujours attentifs à ces sujets, et comme les grèves et révoltes des ouvriers impliqués dans la construction de l’usine hydroélectrique de Jirau n’avaient reçu aucune couverture journalistique à la hauteur de l’importance de ce qui est arrivé, nous avons décidé de parier sur cette histoire !
Qu’est-ce qu’est Repórter Brasil, depuis combien de temps cela existe-t-il, et comment vous financez-vous ?
Carlos Juliano Barros – Comme je l’ai dit auparavant, Repórter Brasil est un organisme de professionnels de la communication et de l’éducation centré sur la production de contenus sur les droits de l’homme, les droits du travail et les questions socio-environnementales. En 2016, nous arrivons à 15 années d’existence. Pour développer nos travaux, nous maintenons des partenariats avec des entreprises, des syndicats, des organisations non-gouvernementales et multilatérales (comme l’OIT, par exemple), à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Combien de temps avez-vous passé à Rondônia, au total, pour faire ce film ?
Carlos Juliano Barros – Nous avons mis quatre ans à faire ce film. Evidemment, au long de cette période, nous ne nous sommes pas dédiés uniquement à ce documentaire. Comme Rondônia est très loin de São Paulo, où Repórter Brasil est basée, nous nous sommes déplacés en Amazonie chaque fois qu’un événement important y survenait. C’est ainsi qu’on y est allés pour la seconde grande grève des ouvriers à Jirau, et pour la crue historique du fleuve Madeira.
Combien d’entretiens avez-vous réalisé ?
Carlos Juliano Barros – Ecoutez, je n’ai aucune idée du nombre d’entretiens que nous avons réalisé au total. Des dizaines. Beaucoup, en réalité ! Malheureusement, nous n’avons pas pu toutes les intégrer au film.
Quel(le) est l’histoire / le récit qui a le plus impacté(e) les réalisateurs du film ?
Carlos Juliano Barros – La séquence du film qui m’a le plus impressionné est celle qui montre un ouvrier ivre et inconscient, qui dort au milieu d’une rue de Jaci. Ses compagnons tentent de l’aider, en appelant une ambulance du service public de santé, qui refuse de l’emmener à l’hôpital. La révolte des travailleurs contre cette situation et la façon dont ils ont ramené leur ami ivre au logement du chantier dévoilent, de manière nue et crue, le quotidien et la vie des ouvriers d’un grand chantier en Amazonie.
Vous croyez que votre présence là-bas, parmi les ouvriers, a donné de la force à la grève ?
Carlos Juliano Barros – Sincèrement, non, je ne crois pas. Il y avait 20 000 ouvriers à Jirau. Notre équipe était très réduite et se concentrait uniquement sur l’observation et la captation de ce moment historique.
Pourquoi ces tragédies sont-elles si peu exposées au Brésil ?
Carlos Juliano Barros – Pour plusieurs raisons. D’abord, ces grands chantiers sont réalisés par des entreprises très puissantes, fortement liées aux partis politiques et aux médias. Par ailleurs, il faut relever une certaine méconnaissance et une bonne dose de désintérêt de la part des journalistes, sur l’histoire et sur les réels impacts de ces grands chantiers au Brésil. On ne peut pas non plus ignorer ce que ces événements disent des travailleurs pauvres et marginalisés – il y a, c’est certain, un préjugé de classe qui les rendent invisibles pour une bonne part de l’opinion publique.
J’ai vu qu’on vous a plusieurs fois refusé l’accès à l’usine. Vous avez rencontré des problèmes avec la justice ou avec la police, pour la réalisation du documentaire ?
Carlos Juliano Barros – L’accès au chantier était une clef indispensable à la réalisation du film, parce que nous voulions montrer les viscères de la construction de l’usine, en passant aux rayons X les conditions de travail de l’entreprise. Nous avons réussi à entrer deux fois, grâce au soutien des autorités et des travailleurs. Les scènes captées en ces deux occasions sont vitales pour le film. Nous n’avons pas eu de problèmes.
Avez-vous l’intention de donner une suite au film ?
Carlos Juliano Barros – Repórter Brasil poursuit sa mission qui consiste à faire des documentaires sur les thématiques socio-environnementales et sur les droits du travail. Cependant, en ce qui concerne Jirau spécifiquement, nous ne projetons pas d’y donner suite.
Traduction de l’entretien : Jeanne de Larrard
Cinéaste brésilienne née à Bahia, Fernanda Vareille est diplômée de cinéma de l’Université Sorbonne Nouvelle et de journalisme de l’Université de Londres.
En 2014, elle écrit et réalise en France le court métrage « La Bascule ». En 2015, elle termine « La folie entre nous », un documentaire qui nous plonge dans l’univers de patients d’un hôpital psychiatrique brésilien.
Le documentaire sera projeté le 16 Octobre à 20h, à l’occasion de la soirée de clôture du festival Brésil en Mouvements en présence de la réalisatrice. Quelques jours avant le festival et la projection de son film « La folie entre nous », Fernanda Vareille nous a accordé un entretien dans lequel elle revient sur sa démarche et les anecdotes liées au tournage de ce documentaire.
En attendant la projection, découvrez la bande annonce ici.
– Pourquoi « «La Folie entre nous » ?
Fernanda Vareille : Le film a été librement inspiré du livre homonyme du psychanalyste Dr. Marcelo Veras. Le « nous » de « La folie entre nous » se réfère à la première personne du pluriel, mais aussi aux nœuds[1], c’est-à-dire aux attaches, aux liens que l’on peut faire dans la vie. Marcelo Veras, dans son livre, montre cela en utilisant les théorèmes de Lacan ; moi, j’essaie de le montrer à travers les images. Dans la première partie du livre, Dr. Marcelo livre son expérience en tant que directeur de l’hôpital et raconte comment il a appliqué la psychanalyse pour administrer l’hôpital Juliano Moreira. Il décrit un univers qui m’a inspiré. L’idée de réaliser le documentaire a surgi à partir de cette rencontre. Mais le film montre ma rencontre avec ces personnes, avec l’hôpital. Il existe un personnage qui est présent dans le livre comme dans le film. La deuxième partie du livre est assez technique et requiert des connaissances académiques, pour pouvoir suivre les théories développées.
– Comment fut l’expérience de pénétrer dans l’hôpital psychiatrique avec une caméra ?
Fernanda Vareille : Ce fut un processus lent, conquis peu à peu. On a filmé en immersion. On arrivait très tôt à l’hôpital, et on restait toute la journée, parmi les personnages. Pendant plusieurs jours, on n’a pas filmé, on était là, présents, parmi eux, pour qu’ils s’habituent à notre présence, à la présence de la caméra.
On a passé beaucoup de temps à l’hôpital, on a vécu divers moments. Peu à peu, on s’est rendus invisibles ; avec le temps, on ne dérangeait plus. On est devenus des gens de là-bas. C’était magique ! Avec le temps, on en est venus à faire partie du paysage de l’hôpital, et jusqu’aux surveillants les plus sévères nous souriaient ; on a acquis leur confiance. Leur regard sur nous – le regard des patients comme celui des employés – avait changé. Au début, il y a avait une certaine peur de notre présence, presque comme si on était une menace. Mais, avec le temps, on n’a plus causé de peur.
Je crois qu’ils ont réalisé qu’on voulait avoir accès à la subjectivité des gens, à travers la parole, leurs récits de leurs histoires. Les gens y voyaient une opportunité, une ouverture pour exposer leurs problèmes, leurs questions ; ils étaient écoutés, on donnait de l’importance à leurs mots, ils se transformaient en sujets. Ils contaient leurs propres histoires.
– Comment a surgit ton intérêt pour ce thème ?
Fernanda Vareille : A partir d’une conversation avec Dr. Marcelo Veras, mon ami, qui m’a donné un exemplaire de son livre et qui m’a parlé du Criamundo. Il fut le directeur de l’hôpital Juliano Moreira et il m’a conté un peu de son expérience.
– Avais-tu déjà été dans des institutions psychiatriques auparavant, ou t’étais-tu déjà heurtée à ce thème ?
Fernanda Vareille : Je n’avais jamais mis les pieds dans un hôpital psychiatrique auparavant. Le contact que j’avais eu avec l’univers du film – c’est-à-dire la folie – venait de mes propres questionnements sur ma santé mentale, et de l’observation de mon entourage.
De façon ingénue, j’associais la folie à la liberté. Au début, je romantisais encore la folie, je voyais même une certaine poésie dans l’hôpital. Cela a disparu quand mon regard a mûri.
– Qu’est-ce que tu as retiré de plus précieux / important, de ce processus ?
Fernanda Vareille : Ce fut un précieux processus d’auto-découverte. Pendant les tournages, principalement lors de la première étape, entrer dans un hôpital, connaître ce monde et les personnes qui le composent, les patients comme les soignants, constituaient un éternel questionnement. Tu es obligé de te remettre en question en permanence. Je me demandais toujours : pourquoi telle personne m’intéresse ? Qu’est-ce qu’elle a qui éveille ma curiosité ? Pourquoi l’entretien avec untel m’a dérangé ? Ce n’en sont que quelques unes. C’était un torrent de questions et d’interrogations qui faisaient surface et qui me faisaient reconsidérer mes propres fantasmes et questions, concepts… Je crois que les autres membres de l’équipe sont passés par des processus similaires. Je trouvais du plaisir à me confronter à ces questions, et ainsi à découvrir davantage sur moi-même. Même si ça peut être aussi un processus douloureux.
Ce fut mon premier long-métrage ; quatre ans se sont écoulés entre le moment où j’ai décidé de filmer et celui où le film a été prêt. J’ai suivi et été active dans toutes les étapes. Depuis l’élaboration du projet et la recherche de financements, jusqu’à la distribution. J’ai beaucoup appris avec le film, avec les personnes avec lesquelles j’ai eu la chance de travailler. Mais le plus enrichissant a été ce processus d’auto-découverte imposé quand on fait un film sur cette thématique. Je peux dire que la confection de ce film et les rencontres que j’ai faites à travers lui, a été un « turning point » dans ma vie.
[1] « nós » signifie « nous » mais « nó » signifie aussi « nœud » en portugais
Toutes nos félicitations aux réalisateurs du film « Jaci – Les sept pêchés d’un chantier en Amazonie » qui remportent cette année le Prix Gabriel García Márquez de journalisme 2016 (Festival GABO), décerné en septembre dernier en Colombie.
Choisi par le jury parmi les 1’600 candidatures reçues, leur film remporte le prix de meilleur documentaire dans la catégorie « image ».
Le film « Jaci – Les sept pêchés d’un chantier en Amazonie » sera projeté dans le cadre du festival Brésil en Mouvements le jeudi 13 Octobre à 20h.
La projection sera suivie du débat : « Mégaprojets, en Amazonie : le rôle des multinationales européennes », en présence de Carlos Juliano Barros, l’un des réalisateurs du film projeté et journaliste pour Repórter Brasil, tout spécialement venu du Brésil pour l’occasion.
Les autres intervenants de cette soirée organisée en partenariat avec l’Observatoire des Multinationales sont : Eric Beynel, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires, et Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux au sein du Programme Globalisation et Droits Humains de l’association Sherpa. Olivier Petitjean, responsable éditorial de l’Observatoire des multinationales, sera le modérateur de ce débat.
Pour plus d’informations sur le Prix Gabriel García Márquez de journalisme (Festival GABO) : http://premioggm.org/seleccion-oficial-2016/#imagen
de Fernanda Fontes Vareille
Brésil | 2015 | 76’| VOSTF
À travers les couloirs et les grilles d’un hôpital psychiatrique, ce film nous entraîne dans la quête de personnages et d’histoires qui révèlent les frontières de la folie. Les contradictions de la raison sont abordées par des protagonistes principalement féminins, nous amenant à réfléchir à nos propres conflits, désirs et erreurs.
Dimanche 16 octobre à 20h30
de André Costa et Reinaldo Cardenuto
Brésil | 2015 | 22’| VOSTF
Ce film-essai relate la vie et l’œuvre de l’artiste italo-brésilien Antonio Benetazzo, mort pendant la dictature au Brésil. Dans Entre Imagens des fragments de sa mémoire et de celle du pays s’entremêlent pour laisser un héritage à l’histoire du pays.
Dimanche 16 octobre à 16h
de Anita Leandro
Brésil | 2014 | 71’| VOSTF
Retratos da Identificação est le premier film brésilien construit à partir d’archives photographiques produites par les agences de répression de la dictature militaire. Les images d’archives sont réanimées par le biais d’entretiens avec deux anciens résistants.
Dimanche 16 octobre à 16h
de Fadhia Salomao
Brésil | 2014 | 24’| VOSTF
Réalisé par Fádhia Salomão, Clandestinas recueille des histoires de femmes ayant avorté clandestinement au Brésil. Mêlant les voix d’actrices contant l’expérience d’anonymes et le témoignage de femmes qui livrent leur propre histoire, ce documentaire tente de montrer comment la criminalisation de l’avortement pénalise toutes les femmes.
Samedi 15 octobre à 20h
Projection suivie du débat « Violences et discriminations : défis de femmes luttant pour leurs droits «
de Lívia Perez
Brésil | 2015 | 25’| VOSTF
En 2009, Lindemberg Alves s’introduit armé dans l’appartement de son ex petite amie, Eloá Pimentel, et la garde séquestrée pendant cinq jours. Ce crime fut, à l’époque, largement diffusés sur les chaînes de télévision brésilienne. Quem matou Eloá ? propose une analyse critique de la sur exposition médiatique de la violence et remet en question la manière dont les médias choisissent d’aborder les cas de violence envers les femmes.
Samedi 15 octobre à 20h
Séance suivie d’un débat : Violences et discriminations : défis de femmes luttant pour leurs droits
de Susanna Lira
Brésil | 2016 | 53’| VOSTF
Ne sors pas aujourd’hui est un conseil que beaucoup de mères ont donné à leurs enfants en mai 2006. Malheureusement, la majorité d’entre eux sortiront sans que celles-ci puissent les protéger des « crimes de mai » durant lesquels près de 600 jeunes furent assassinés à São Paulo.
Samedi 15 octobre à 20h
Séance suivi d’une débat : « Violences et discriminations : défis de femmes luttant pour leurs droits »
de Lucia Murat
Brésil | 2015 | 85’| VOSTF
Dans la mémoire de cette femme, les mouvements de son corps reprennent vie. Em três atos aborde le sujet du vieillissement du corps et confronte le deuil à la peur de mourir. C’est un film sur les cycles de la vie, sur le travail du corps, traités à travers la danse contemporaine et la parole, en revisitant les textes de Simone de Beauvoir.
Samedi 15 octobre à 16h30
Séance suivie d’un apéro musical à 19h !
de Alfeu França
Brésil | 2013 | 30’| VOSTF
En 1958, le polémique artiste et architecte Flávio de Carvalho se lance dans une expédition en Amazonie avec pour objectif de réaliser un film combinant recherche ethnographique et fiction surréaliste comptant le drame d’une femme blanche se faisant kidnapper par des autochtones.
Samedi 15 octobre à 16h30
de Henrique Borela et Marcela Borela
Brésil | 2016 | 75’| VOSTF
Tutawa raconte le massacre par les Blancs de nombreux Indiens Ãwa dans la forêt amazonienne orientale en 1973, tandis que le montage mêle des images de vie quotidienne des Ãwa, de la confection de peintures corporelles rituelles à la cuisine ou aux jeux des enfants.
Vendredi 14 octobre à 20h00
Séance suivie d’un débat intitulé « A qui appartient la terre ? »
de Ana Vaz
Brésil | 2016 | 12’37’’| VOSTF
Há terra ! est une rencontre, une chasse, un conte diachronique du regard et du devenir. Comme dans un jeu, comme dans une course-poursuite, le film oscille entre personnage et terre, terre et personnage, prédateur et proie.
Vendredi 14 octobre à 20h00
Séance suivie d’un débat intitulé « A qui appartient la terre ? »
de Gustavo Spolidoro, Ana Rieper, Camilo Cavalcante, Eduardo Goldenstein et Eduardo Nunes
Brésil | 2015 | 90’| VOSTF
Le « Chico » ou San Francisco, comme le Rio Doce, serpente du centre du Brésil à l’Atlantique. Cinq histoires, cinq regards sur les relations entre le fleuve et ses riverains. Ondulant ou en furie, le fleuve est source de vie et de mort. L’humain se croit maître de son destin, mais il ne contrôle pas l’ordre du fleuve. Dans une photographie exceptionnelle, les habitants livrent leurs visions poétiques ou prosaïques du cours d’eau avec lequel ils font corps.
Vendredi 14 octobre à 18h00
Séance suivie d’un tirage au sort d’un panier Guayapi et d’un panier Brigadeli.
de Caio Cavechini et Carlos Juliano Barros
Brésil | 2014 | 102’| VOSTF
Sur la base de témoignages recueillis durant 4 ans autour de la construction du barrage de GDF Suez, ce documentaire aborde les controverses socio-environnementales liées à ce projet. Dans la ville de Jaci, où la demande de travailleurs est forte, une révolte éclate en 2011 bloquant le chantier et menant à des arrestations.
Jeudi 13 octobre à 20h
Projection suivie d’un débat intitulé « Mégaprojets, environnement et droits humains en Amazonie : le rôle des multinationales européennes ».
de Eduardo Coutinho
Brésil | 2015 | 85’| VOSTF
Réalisé par Eduardo Coutinho, décédé en février 2014 et qui fut à l’avant-garde du documentaire brésilien des années 1960 à 1990, et terminé par João Moreira Salles, figure du documentaire brésilien contemporain, Últimas conversas est un petit bijou d’humanité qui aborde avec de jeunes Brésiliens des thèmes aussi variés que la famille, l’amour, la religion, l’identité, la discrimination, le harcèlement, le tout dans une extrême simplicité scénographique.
Mercredi 12 octobre à 20h
Projection suivie d’une rencontre avec Anna Glogowski, conseillère de Programmes Documentaires à France 3 et spécialiste du cinéma brésilien.
Eduardo Coutinho est né en mai 1933 à São Paulo. A 19 ans, il s’inscrit à la faculté de droit sans jamais terminer sa formation. Son premier contact avec l’industrie du cinéma date de 1954 alors qu’il travaille comme correcteur et copie éditeur pour le magazine Vision, un poste qu’il occupera jusqu’a 1957. Cette année là, il gagne un concours télévisé en répondant à une question sur Charlie Chaplin, lui permettant de déménager à Paris.
Formé à la réalisation et au montage à l’IDHEC en France, il commence sa carrière comme producteur du long-métrage « Cinco vezes favelas », pour le Centro popular de cultura (CPC), un groupe intellectuel de gauche de Rio. Il dirige le projet du CPC, « Cabra marcada para morrer », une fiction basée sur des faits réels, l’assassinat du leader des Ligas camponesas, et tournée avec la veuve de celui-ci, Elizabeth Teixeira. Mais le tournage est interrompu par le coup d’État de 1964.
Il intègre alors la nouvelle vague du « Cinema Novo », un mouvement cinématographique brésilien, dont ont fait partie plusieurs réalisateurs brésilien des années 1950 et 1960, d’abord influencé par le néoréalisme italien puis par la Nouvelle Vague française.
Dans les années 1960, Coutinho fonde avec Leon Hirszman et Marcos Faria, la maison de production « Saga Films » au sein de laquelle il sera scénariste et dirigera de nombreux longs métrages. Au début des années 1970, Coutinho retourne vers le journalisme pour gagner sa vie et devient examinateur et critique de cinéma pour le « Jornal do Brasil ». Parallèlement, il reste dans l’industrie du film, réalise une adaptation de Shakespeare et écrit des scripts destinés à la production nationale.
En 1975, Coutinho rejoint l’équipe de Globo Reporter, de la TV Globo. En 1981, Coutinho redécouvre le négatif de « Cabra Marcado para Morrer », qui avait été caché à la police par un membre de l’équipe de tournage, et décide de reprendre le projet. En 1984 il finalise et sort ce film avec lequel il gagne 12 prix dans des festivals internationaux, tels que le prix de la critique internationale du Festival du Film de Berlin et le meilleur film au Festival du Réel à Paris.
Après le succès de « Cabra Marcado para Morrer”, Coutinho démissionne de Globo pour se consacrer exclusivement au cinéma. Dans un contexte difficile en termes de financements pour l’industrie du cinéma, Coutinho réalise des courts et moyens métrages sans beaucoup d’impact.
Coutinho réalise « Santo Forte » en 1999, marquant un nouveau tournant dans sa carrière. Il commence alors à travailler avec des collaborateurs réguliers et réussi à maintenir une production constante de film grâce à son partenaire, le documentariste João Moreira Salles, avec qui il développe de solides liens d’amitié. Moreira Salles aide notamment Coutinho sur sept projets de documentaires, réalisés entre 2000 et 2011.
Au cours de ces onze ans, Coutinho gagne trois prix au Festival de Gramado, l’un pour « Santo Forte », l’autre pour« Edifício Master », et un grand prix pour l’ensemble de ses films. Au Festival de Brasilia, il remporte également à deux reprises un prix, une année pour le film « Santo Forte » et l’autre pour « Peões », lui permettant de gagner la reconnaissance des critiques le considérant comme le plus grand réalisateur de documentaires brésilien. En 2013, pour son 80e anniversaire, l’œuvre de Coutinho était à l’honneur lors du Festival littéraire international de Paraty et du Festival international du film de São Paulo.
Coutinho meurt en février 2014. Son dernier film, « Dernières conversations », terminé par João Moreira Salles en 2015 ouvrira la 12e édition du festival Brésil en Mouvements le 12 octobre 2016.
Henrique Borela est le réalisateur de « Taego Awã ».