Le festival Brésil en Mouvements présente les films sélectionnés pour sa 15ème édition
15 ans de BEM
Depuis 15 ans, le festival Brésil en Mouvements témoigne de l’histoire récente du Brésil. Donnant une voix aux mouvements sociaux brésiliens, BEM diffuse en France un cinéma documentaire divers, toujours courageux face aux risques du réel et de sa représentation.
Depuis 15 ans, BEM, tout en évoluant, a toujours gardé la cohérence qu’exige l’engagement auprès du cinéma et des mouvements sociaux. À travers ce festival, l’association Autres Brésils a pu défendre une éthique de l’engagement ainsi que du cinéma engagé.En 2019, après tant de bouleversements et retournements de l’histoire, c’est bien l’engagement qui nous pousse : l’engagement en tant que contrat, liaison et promesse.
Occuper et résister
La programmation 2019 a été conçue à partir du mot d’ordre « occuper et résister », utilisé au Brésil par plusieurs mouvements. Sous le gouvernement de Bolsonaro, face à la montée des violences, il faut occuper les rues, les places et les bâtiments vides. L’occupation est résistance, et la résistance passe par l’occupation des espaces en tant que lieu politique – là où nous prenons position.
C’est pourquoi les films de cette année mettent en avant les histoires des persécuté.e.s du gouvernement d’extrême droite : desautochtones, des LGBTQI (notamment des lesbiennes et femmes trans), des paysan.nes, des victimes de la dictature militaire, des victimes de la violence de l’État (ici leshabitant.e.s des favelas),desquilombolas, des lycéen.ne.s et des habitant.e.s d’occupations urbaines.
Le cinéma brésilien est devenu lui-même un territoire à occuper. Les politiques publiques pour le cinéma sont aujourd’hui en péril au Brésil. Les représailles et la censure reviennent. Face aux tentatives d’abrutissement de la pensée et de destruction du cinéma divergent et libre, occupons les écrans et les salles avec des films et des débats.
Occuper et résister sous Bolsonaro n’est pas juste une question de présent, mais d’avenir. Nous nous sommes toujours demandé ce que peut apporter le cinéma aux luttes. La réponse, aujourd’hui, nous semble être justement la capacité de les construire et de les figurer, de leur offrir un horizon de possibilités.
Films sélectionnés
Dans une société où les femmes sont en première ligne dans les résistances, le festival leur consacrera une place privilégiée. Jeunes étudiantes, anciennes prisonnières politiques, leaders autochtones, paysannes, responsables communautaires, femmes trans, ouvrières, mères, filles, cinéastes : ce sont les femmes qui bâtissent le chemin de cet avenir possible. Il faut souligner notamment le rôle des femmes autochtones, qui émergent comme l’avant-garde de la lutte contre les politiques violentes et génocidaires du gouvernement de Bolsonaro. Ce sont les femmes autochtones qui se battent pour l’environnement, nous apprenant que tout est lié : nos vies, nos luttes, nos images sont engagées les unes dans les autres.
Cette année, pour célébrer tous les cinémas brésiliens, « Brésil en Mouvements » met également à l’honneur la singulière « Mostra de Cinema de Tiradentes » (Minas Gerais).
Pour la première fois, les long-métrages sélectionnés participeront à une compétition pour recevoir le « Prix du public » de Brésil en Mouvements. Ce prix nous permettra de fêter les 15 ans du festival qui a, depuis sa première édition, programmé plus de 240 films. Une belle occasion également de remercier notre public en élargissant son espace de participation.
Long-métrages
Film d’ouverture
CHÃO, présenté en partenariat avec le Festival International Jean Rouch
de Camila de Freitas – 2019 – 110’ – VOSTFR
Depuis 2015, les travailleurs ruraux sans terre occupent les terres d’une usine de canne à sucre. Ils luttent pour conquérir une terre où s’installer, pour inventer des nouvelles formes de cultures de la terre et des utopies politiques.
Film de clôture
TORRE DAS DONZELAS, de Susanna Lira – 2018 – 97’ – VOSTFR
Ce film réunit, plus de 40 ans après leur incarcération, un groupe de prisonnières politiques de la dictature brésilienne, dont l’ancienne présidente Dilma Rousseff. Partageant leurs souvenirs, elles montrent que la résistance est le seul moyen de rester libre.
Films en compétition (Prix du public)
AUTO DE RESISTÊNCIA, de Natasha Neri et Lula Carvalho – 2018 – 104’ – VOSTFR
Documentaire sur les homicides pratiqués par la police contre les jeunes des favelas à Rio. Les mères des victimes dénoncent les mensonges de la police, déterminées à prouver l’innocence de leurs fils.
BIMI SHU IKAYA, d’Isaka Huni Kuin, Siã Huni Kuin et Zezinho Yube – 2018 – 50’ – VOSTFR
Bimi est la première femme autochtone Huni Kuin à devenir cheffe. La hiérarchie et les traditions patriarcales du peuple Huni Kuin l’ont poussée à quitter sa terre d’origine pour fonder et organiser un nouveau village.
BLOQUEIO, de Victoria Alvares et Quentin Delaroche – 2018 – 76’ – VOSTFR
Six semaines avant les élections présidentielles de 2018, les chauffeurs routiers font grève et bloquent le Brésil, affirmant qu’une intervention militaire serait la seule solution.
ELEIÇÕES, d’Alice Riff – 2018 – 100’ – VOSTFR
À l’occasion des élections des délégué.e.s, quatre groupes de lycéen.e.s révèlent leurs divergences politiques. Le franc-parler de la réalité quotidienne accompagne la résistance du rêve, de l’amitié et du droit de chercher de nouveaux chemins.
INDIANARA, présenté en partenariat avec l’ACID
d’Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa – 2019 – 84’ – VOSTFR
Révolutionnaire hors norme, Indianara mène avec sa bande un combat pour la survie des personnes transgenres au Brésil. Face aux attaques de son parti politique et à la menace totalitaire qui plane sur le pays, elle rassemble ses forces pour un dernier acte de résistance.
PARQUE OESTE, présenté en partenariat avec la Mostra de Cinema de Tiradentes (Brésil)
de Fabiana Assis – 2018 – 70’ – VOSTFR
Après avoir été violemment chassée de l’occupation où elle vivait, en 2005, une femme reconstruit sa vie à partir de sa lutte pour le logement.
Rétrospective
ÚLTIMAS CONVERSAS, d’Eduardo Coutinho – 2015 – 85’ – VOSTFR
Réalisé par Eduardo Coutinho, qui fut à l’avant-garde du documentaire brésilien des années 1960 à 1990, et terminé par João Moreira Salles, figure du documentaire brésilien contemporain, Últimas conversasaborde avec de jeunes Brésiliens des thèmes aussi variés que la famille, l’amour, la religion, l’identité, la discrimination et le harcèlement.
Court et moyen métrages
DIA DE ELEIÇÃO, de Nereu Afonso – 2019 – 8’ – VOSTFR
Le jour où le Brésil a basculé : chronique urbaine personnelle d’un brésilien allant voter le jour de l’élection de Bolsonaro.
KA’A ZAR UKYZE WÀ, de Flay Guajajara, Edivan Guajajara et Erisvan Bone Guajajara – 2019 – 13’ – VOSTFR
Les Awá Guajá sont l’un des derniers peuples de chasseurs-cueilleurs. Leurs terres, envahies par les bûcherons, les chasseurs et les narcotrafiquants, sont entourées de villes qui dépendent de l’extraction illégale du bois.
MARÉ, d’Amaranta César – 2018 – 23’ – VOSTFR
Plusieurs générations de femmes noires vivent de manières distinctes leur relation au temps et à l’espace.
MINI CINÉ TUPY, en rétrospective
de Sergio Bloch – 2003 – 10’ – VOSTFR
Un homme installe un théâtre chez lui pour montrer des films à ses voisins.
NOSSOS MORTOS TÊM VOZ, de Fernando Sousa e Gabriel Barbosa – 2019 – 28’ – VOSTFR
Dans la région de la Baixada Fluminense, les familles des victimes de la violence de l’État veulent sauver la mémoire de ces vies volées à travers une vision critique des violences policières, en particulier celles contre les jeunes noirs.
QUENTURA, de Mari Corrêa – 2018 – 36’ – VOSTFR
Depuis leurs jardins et leurs maisons, des femmes autochtones de l’Amazonie nous invitent dans leurs univers en observant les impacts du changement climatique sur leur mode de vie.
SAIR DO ARMÁRIO, de Marina Pontes – 2018 – 3’15 – VOSTFR
« Maintenant, je me répète sans cesse que si j’étais née muette, ou si j’avais fait vœu de silence ma vie entière pour assurer ma sécurité, ça ne m’aurait pas empêchée de souffrir pour autant, je n’échapperais pas à la mort de toute façon. » Audrey Lorde
TEKOHÁ : O SOM DA TERRA, de Rodrigo Arajeju et Valdelice Veron – 2017 – 20’ – VOSTFR
Nos mères mènent la reprise de la terre Tekohá Takuara pour sauver notre mode de vie – nhande reko. L’agrobusiness avance sur les corps-terres autochtones dans le Mato Grosso Do Sul.
TORRE, de Nádia Mangolini – 2017 – 18’ – VOSTFR
Les enfants de Virgílio Gomes da Silva, premier disparu politique de la dictature civile-militaire brésilienne, racontent leur enfance sous le régime autoritaire.
Découvrez bientôt la programmation complète du festival, avec les débats, les invité.e.s et d’autres surprises.
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